Législatives 2022

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Les candidats et l’Alsace, 5 nuances de gris

La Fédération Alsace bilingue de Pierre Klein a interrogé par écrit tous les candidats aux législatives 2022 sur leur attitude vis-à-vis du bilinguisme et du retour d’une région Alsace hors du Grand Est. Le Mouvement pour l’Alsace (MPA) et Frédéric Bierry ont fait de même – chacun de leur côté – sur le sujet de la sortie de la région Grand Est, de même qu’une initiative associative nommée « Label Alsace ». Les réponses ne sont pas identiques partout, mais essayons une synthèse rapide.

Sur le bilinguisme, il n’y a pas photo : la majorité (hors Nupes) des candidats aux législatives 2022 a répondu favorablement à l’appel de Pierre Klein. Sur la question institutionnelle, les réponses montrent une évolution sensible en faveur de l’Alsace, avec quelques nouveaux convertis de poids. Mais le paysage politique reste éclaté en 5 tendances.

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Les chevaliers blancs

Brigitte Klinkert et Olivier Becht pour LREM, Patrick Hetzel (« n’est pas contre ») et Yves Hemedinger pour LR et bien sûr tous les candidats Unser Land sont pour une région Alsace avec les compétences accrues d’une CSP (Collectivité à Statut Particulier selon l’article 72 de la Constitution), et sont prêts à soutenir une proposition de loi en ce sens. Deux autres candidats LREM, Stéphanie Kochert et Didier Lemaire vont dans le même sens. Et même Jean-Frédéric Steinbach, candidat RN dans la 67-6 : se serait-il trompé de case dans le questionnaire ou joue-t-il régional face à la LREM Louise Morel qui ne veut pas s’exprimer sur le sujet ?

Trois députés sortants et une (ex-)ministre qui s’expriment clairement pour un projet de région Alsace forte, voilà quand même un renfort de poids pour les initiatives de Frédéric Bierry.

Les « Ni-Ni »: retour à la région Alsace sans plus

Ce sont les ni-Grand Est, ni CSP. Ce retour au statu quo antérieur à 2015, cad une région Alsace sans compétences supplémentaires, est prisé chez les députés LR Yves Hemedinger, Philippe Meyer et Patrick Hetzel (« c’est la priorité ») ainsi que chez les candidats Charles Sitzenstuhl et Hubert Ott de LREM et la plupart des candidats RN.

Charles Sitzenstuhl a une histoire évolutive sur le sujet: partisan du Grand Est quand il était conseiller du ministre des finances Bruno Le Maire à Paris, il a tout de même mobilisé ce dernier en faveur du retour de la région Alsace le 1er juin 2022 à Colmar. Certes Bruno Le Maire s’est exprimé en termes vagues (« il faut ouvrir la réflexion », etc.), tout comme Charles Sitzenstuhl lui-même dans son dernier tract avant le 1er tour où il ne parle que de « désir d’Alsace », une expression tirée du rapport du préfet Marx de… 2018, avant la création de la Collectivité d’Alsace. Mais son bon score au 1er tour de ces élections a nourri son audace : il a rassemblé en dernière heure (jeudi 16 juin!) neuf candidats LREM (sur 13) dans un appel au retour de la région Alsace. Une façon de se poser en leader régional de LREM face à Brigitte Klinkert ?

Le bilinguisme et c’est tout

Les autres candidats LR notamment les députés sortants Jacques Cattin et Raphaël Schellenberger, plus Anne Sander, lieutenant de Jean Rottner, quelques autres candidats LREM et enfin les candidats RN. Un classique chez ceux qui sont alsaciens (un minimum) pendant la campagne électorale, mais n’en ont rien à faire après: on fait le service minimum pour la cause alsacienne.

A noter que la nouvelle venue Sandra Regol, apparatchik d’EELV parachutée par la Nupes sur la circonscription Strasbourg-1, a aussi signé l’appel de la Fédération bilingue: le fait qu’elle ait un accent du sud et non un accent parisien la rendrait-t-elle quelque peu sensible aux thématiques régionales ?

Les Ponce Pilate qui regardent ailleurs

Courage, fuyons! Surtout ne pas prendre position, ne pas répondre aux questions, exprimer son opposition comme son approbation pourrait coûter des voix. C’est le cas chez LREM des sortants Vincent Thiébaut et Sylvain Waserman et aussi de l’ex-député socialiste et maintenant candidat « divers gauche » Eric Elkouby. Mentionnons aussi le député LREM Bruno Studer et le candidat Alain Fontanel (67-1), jusque-là à classer dans cette catégorie, mais qui ont récemment dit oui au MPA et à l’appel de la dernière heure (jeudi 16 juin!) pour le retour de la région Alsace lancé par Charles Sitzenstuhl. Remarquons que tous ceux-ci sont candidats dans l’eurométropole de Strasbourg : la capitale européenne ne se sentirait-elle plus alsacienne ?

Trois autres LREM, le député Bruno Fuchs et les candidates Françoise Buffet et Louise Morel, complètent aussi cet aréopage à la toge gris foncé.

Les hussards noirs de la république

Les jacobins qui ne répondent même plus et ne cachent pas leur mépris de tout ce qui est régional : tous les Nupes, à l’image de leur chef Jean-Luc Mélenchon, sauf l’écologiste Sandra Regol déjà mentionnée plus haut.

Voilà, si cela peut éclairer votre choix ces dimanches 12 et 19 juin 2022. Bon vote !

Benoît Kuhn, 10 juin 2022, mises à jour 15 et 17 juin 2022. Photo: Alsace.news

PS: cet article a été mis à jour au fil des annonces des uns et des autres, notamment Charles Sitzenstuhl et Jacques Cattin. Dans une première version de cet article, nous avions placé le député sortant LR Jacques Cattin parmi les « chevaliers blancs » car il avait répondu à la Fédération Alsace bilingue – à notre grand étonnement – être favorable à une Collectivité à statut particulier (CSP) pour l’Alsace. Il a depuis corrigé le tir dans les DNA: pour lui cette CSP alsacienne se ferait à l’intérieur de la région Grand Est. Ce lieutenant – et garde du corps – de Jean Rottner reste donc fidèle au Grand Est; reconnaissons-lui le mérite de s’exprimer ouvertement en sa faveur.

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