La poussée de l’extrême droite dans le Grand Est, une raison de plus pour sortir l’Alsace du Grand Est.
L’annonce par le Président de la République de la dissolution de l’Assemblée nationale le soir du 9 juin 2024 des élections européennes, suivi par l’organisation dans un délai serré de 3 semaines des deux tours des élections législatives ont abouti à des résultats qui nous ont tous étonnés, y compris les partis politiques et en particulier ceux d’extrême droite.
Les surprises du 7 juillet 2024
Alors que tous les sondages donnaient l’extrême droite gagnante aux élections législatives 2024 après leur score aux élections européennes, c’est finalement le Nouveau Front populaire (NFP) qui fait le meilleur score au second tour tandis que le Rassemblement National (RN) n’a obtenu que la 3ème place, derrière le groupe Ensemble qui se retrouve à la 2ème place alors qu’elle était donnée perdante en 3ème position. Ce classement fut la grande surprise de la soirée du 7 juillet. Les sondeurs se sont tous fourvoyés dans leurs prévisions.
Il y a eu l’élection de députés du Rassemblement National dans de nombreuses circonscriptions, notamment dans le Grand Est, alors qu’en Alsace, il y a eu une quasi-réélection des députés sortants (13 sur les 15 députés) et l’élection d’un seul député du RN. Personne n’avait prévu un tel résultat pour l’Alsace qui n’est pas tombée dans le piège des promesses du RN. Les deux départements alsaciens se caractérisent finalement par très peu de changement, même si Strasbourg a fait le plein pour le NFP.
Cette situation politique doit nous interpeller et il nous faut analyser les résultats alsaciens. Pas de raz de marée d’extrême droite alors que leurs candidats étaient souvent en tête au 1er tour. Le front républicain a joué pleinement son rôle pour « faire barrage à l’extrême droite » et a permis une réélection de 13 députés sortants. L’Alsace est une terre de droite qui n’a pas basculé au RN, et elle s’est caractérisée par une grande stabilité politique qui a résisté à la forte poussée de de l’extrême droite sur le plan national.
15 députés de l’extrême droite dans le Grand Est
Il n’en est pas de même dans le Grand-Est, une région administrative créée par la loi NOTRe de 2015 : les trois anciennes Régions qui composent le Grand Est n’ont pas enregistré les mêmes résultats électoraux. Le nombre de députés RN est passé dans le Grand Est de 6 élus aux dernières élections législatives de 2022 à 15 élus en 2024 avec des différences :
- L’Alsace, qui n’avait pas de député RN, n’a enregistré qu’un seul député RN sur les deux nouveaux élus, l’autre étant un député NFP-socialiste.
- En Lorraine, le RN a fait plus que doubler son score en passant de 4 à 10 députés affiliés à l’extrême droite sur un total de 21 députés ;
- En Champagne – Ardennes, qui a réélu 11 députés sortants sur les 13 avec déjà deux RN, le nombre de députés de l’extrême droite a doublé avec les deux nouvelles circonscriptions passées aux mains du RN.
Si les Alsaciens ont renouvelé leur « confiance » aux députés sortants qui a donné lieu à la réélection de 13 députés sur 15, ils ont cependant été nombreux à accorder leur voix à l’extrême droite. Il convient d’interpréter ces résultats comme un avertissement donné à Paris sur la demande de sortir l’Alsace du Gand-Est que le président Macron n’a pas voulu entendre, mais qu’il a tout de même reconnu lors de sa conférence de presse du 12 juin dernier en soulignant « qu’il faut revoir le problème des grandes Régions ».
Pour la sortie de l’Alsace du Grand Est
Les résultats des élections législatives de 2024 sont parlants et les chiffres semblent maintenant nous le montrer clairement. Le chemin parcouru par l’extrême droite est continuel et ne s’arrêtera pas. Si rien n’est entrepris et si nous ne bougeons pas, le Grand Est tombera irrémédiablement dans l’escarcelle du RN aux prochaines élections régionales.
Nous sommes de plus en plus nombreux à penser que la seule solution pour éviter ce basculement au RN est d’obtenir (enfin) la sortie demandée de l’Alsace du Grand Est. En effet, comme le rappelle régulièrement les nombreuses associations qui militent pour la « Sortie de l’Alsace du Grand-Est», il semble indispensable que l’Alsace puisse retrouver son indépendance par rapport au Grand Est, région immense et incongrue, et ne pas être noyée dans une approche grandestienne qui lui sera défavorable politiquement et économiquement.
Aussi, battons-nous pour la sortie de l’Alsace du Grand Est, la seule voie possible pour lui permettre de garder son identité régionale, défendre ses intérêts (droit local, dynamisme économique…) et retrouver la place acquise grâce aux efforts importants mobilisés depuis des décennies et qui sont le fruit d’une longue bataille sur l’échiquier institutionnel et de de son histoire.
Jean Lachmann – 17 juillet 2024
Jean Lachmann, est administrateur territorial hors classe, ancien DGA de la Région Alsace et de la Région Bourgogne, ancien professeur des universités et directeur de l’IAE de Nancy et ancien magistrat financier de la Cour de Comptes.