… et dont les médias dominants ne parlent pas suffisamment.
Européennes 2024 en Europe : un glissement vers les droites, mais pas de raz-de-marée
Le Parlement européen compte 720 députés (dont 81 pour la France). Les droites radicales progressent modérément et ce grâce aux performances du RN en France, de Giorgia Meloni en Italie ou de l’AfD en Allemagne : de 173 députés (2019) à 181 députés (2024). Le bloc majoritaire conservateur (parti européen PPE) conforte sa position en passant de 174 députés à 185 députés grâce à la CDU allemande notamment. Les « écologistes et régionaux » perdent le plus, de 78 à 53 députés, ainsi que les « centristes et libéraux » de 108 à 80 députés et les sociaux-démocrates de 149 à 136 députés.
En France : Paris et les centres-villes contre le reste de la France
La liste du RN arrive presque partout en tête dans ces européennes 2024. Seules exceptions notables : les centres des grandes villes, Paris en tête, qui ont souvent préféré la liste macroniste ou Glucksmann dans les quartiers bourgeois et LFI dans les quartiers populaires. La « France profonde » est en dissidence.
Strasbourg et Mulhouse contre l’Alsace
Même scénario en Alsace pour ces européennes 2024: forte baisse de la liste macroniste de 23% en 2019 à 16% en 2024, la liste RN passe de 24% (2019) à 33% (2024), au-dessus de sa moyenne nationale de 31%. Elle est en tête presque partout, seules les villes de Strasbourg et Mulhouse lui préfèrent LFI. On avait déjà une opposition similaire pour les législatives de 2022, avec LREM (et LR) dominant l’Alsace sauf à Strasbourg. La capitale européenne est-elle encore en Alsace ?
Grand Est : à fond le RN !
Avec 38%, le RN plie le match, la liste macroniste suit de (très) loin avec 14%… Sans l’Alsace, c’est encore plus éclatant : en Champagne-Ardenne, le RN fait entre 40 et 47% des voix suivant les départements ! Idem en Lorraine, avec des scores entre 35% et 45% suivant les départements.
Ces résultats étaient attendus, et on comprend d’autant moins le calcul politique d’Emmanuel Macron de privilégier le Grand Est à l’Alsace où le potentiel de son parti était bien plus important pour ces élections européennes 2024. Croyait-il sauver ainsi le siège de son ami Franck Leroy pour les prochaines élections régionales ?
En conclusion, revenons sur la visite présidentielle en Alsace le 26 avril 2024. Après l’annonce d’Emmanuel Macron de garder intacte la région Grand Est, des parlementaires alsaciens lui avaient fait remarquer que cela ferait le jeu du RN. Réponse présidentielle : ce sont les « extrémistes alsaciens » qui font monter le RN. En clair : si on ne parlait pas d’Alsace, le RN ne pourrait pas utiliser cet argument. Cette position a été reprise en filigrane par les DNA lundi dernier dans leur analyse des résultats.
Ne nous demandez pas où est la logique là-dedans. Contentons-nous de remarquer qu’au vu des scores du RN pour ces européennes 2024, il y a beaucoup plus d’« extrémistes » en Lorraine et Champagne-Ardenne qu’en Alsace. LOL comme on dit sur les réseaux sociaux…
Benoît Kuhn, 11 juin 2024
