Législatives 2022

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Régionalistes : les idées progressent, pas les scores électoraux

Les Régionalistes, Unser Land en tête, sont-ils condamnés à n’être que le laboratoire d’idées, le « think tank » des partis nationaux ?

Le premier tour de ces élections législatives 2022 en Alsace est décevant pour les candidats régionalistes, mais ces résultats méritent une analyse plus approfondie et surtout une réflexion sur le long terme.

législatives 2022 candidats Unser Land
Législatives 2022: présentation des candidats Unser Land le 28 avril

Quelques constats et conclusions à chaud

  • Les scores des candidats soutenus par Unser Land sont en recul partout par rapport à 2017, et aucun n’atteint la barre des 10% des voix. Certes, en 2017 Unser Land « bénéficiait d’un vote de protestation contre le Grand Est » comme l’explique son président Jean-Georges Trouillet, et présentait aussi d’anciens élus bien implantés comme Gérard Simler. Mais il faut reconnaître que ceux qui se représentaient en 2022 n’ont pas réussi à améliorer leurs scores de 2017. Au total, malgré de nouvelles personnalités intéressantes et une active campagne de terrain, Unser Land recule de quelque 41 000 voix en 2017 à 27 713 voix en 2022.
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  • La situation n’est pas propre à l’Alsace. Certes, en Corse les trois députés sortants autonomistes ou indépendantistes sont en ballotage favorable. Au Pays basque, un candidat abertzale est allé jusqu’à 15% des voix. Mais ailleurs en France les régionalistes font des scores confidentiels, en-dessous des 5% même dans une région comme la Bretagne. Là, seul le député breton Paul Molac, auteur de la loi en faveur des langues régionales, s’en sort brillamment avec 38% des voix et une belle avance sur sa challenger macroniste (croisons les doigts pour le second tour…).
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  • Les électeurs ont donc privilégié le match national centre/extrême gauche/extrême-droite que leur ont vendu Jean-Luc Mélenchon et à sa suite tous les grands médias, y compris les médias régionaux. Les préoccupations globales sur le pouvoir d’achat ont fait le reste. En plus, les questionnaires envoyés aux candidats par les associations MPA et Fédération Alsace Bilingue ainsi que par Frédéric Bierry montrent que la plupart des candidats centristes et de droite se sont ralliés à l’idée de sortie de l’Alsace de la région Grand-Est (voir notre article Les candidats et l’Alsace, cinq nuances de gris). De quoi faire penser à beaucoup d’électeurs qu’il n’y avait plus besoin du vote Unser Land, le sujet étant bien repris par d’autres.

La situation est donc paradoxale : l’implication des militants d’Unser Land a été déterminante pour la réussite de la consultation citoyenne de début 2022, avec en conséquence la conversion de nombre de politiques alsaciens à une sortie aussi tôt que possible de l’Alsace du Grand Est. Mais les candidats régionalistes, Unser Land comme le mouvement Alternative Alsacienne sur Strasbourg, n’en recueillent pas les fruits en termes de suffrages à ces élections législatives 2022, pas plus qu’aux élections départementales de 2021. Voilà qui risque de refroidir nombre de militants, particulièrement les jeunes. Dommage.

Que faire pendant les 4 prochaines années sans élections (les municipales sont en 2026) ?

  • Réussir d’abord la sortie de l’Alsace du Grand Est, et ce n’est pas gagné d’avance. Le prochain gouvernement, qu’il soit LREM ou NUPES, sera faible car reposant sur une majorité parlementaire réduite voire inexistante. Cela ne favorisera pas le changement désiré par les Alsaciens, au contraire.
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  • Ensuite continuer la pédagogie auprès de la population en expliquant en quoi le régionalisme et l’autonomie amélioreront la vie locale. Il ne suffit pas de parler de la question institutionnelle et de la gouvernance, il faut expliquer à quoi ça sert et comment on la met en œuvre concrètement : consultations/référendums sur les problèmes locaux, subventions mieux ciblées, concilier écologie et préservation du pouvoir d’achat, etc.. Et convaincre qu’investir fortement dans le bilinguisme sera facteur de dynamisme et d’attractivité des territoires, pas seulement une préservation de patrimoine qui intéresse moins les jeunes.
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  • Enfin privilégier l’ancrage sur le terrain : ce n’est pas un hasard si les candidats impliqués dans l’action associative réalisent de meilleurs scores. Que celles et ceux qui se souhaitent un avenir politique se choisissent un champ d’action culturel, écologique ou social où ils feront connaître et reconnaître leur capacité de leadership.

Vaste programme, de quoi alimenter les discussions dans les mois à venir.

Benoît Kuhn, 16 juin 2022 – photo: Alsace.news

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