Philosophe, poète et essayiste, amoureux de notre culture et de notre langue: l’Alsace vient de perdre en Jean-Paul Sorg un de ses penseurs et écrivains les plus éminents.
« La nouvelle du décès de Jean-Paul Sorg-Gross est tombée brutalement pour nous qui l’avons connu à travers ses multiples engagements et notamment au sein de l’Association française des amis d’Albert Schweitzer (AFFAS) – membre du comité-directeur, il en a aussi été un temps le président. Membre de l’Union Protestante Libérale, il était pour nous un soutien fidèle et précieux, depuis près de trois décennies (L’UPL avait alors son siège à la rue Calvin et son lieu d’expression était la paroisse de Saint-Guillaume), régulièrement présent dans les programmes de nos rencontres en qualité de conférencier, souvent pour parler d’Albert Schweitzer. Il était co-auteur de nos publications et, par ailleurs, conférencier occasionnel pour le Foyer de l’étudiant catholique (FEC) et chroniqueur à son journal « Élan ». (Jean-Paul Sorg était également chroniqueur pour les revues « Land un Sproch » et « D’Heimet » – ndlr). L’amitié avait consolidé cette collaboration depuis longtemps.

Jean-Paul Sorg est parti discrètement. C’est cette voix porteuse de nos interrogations, – philosophiques, théologiques, de nos recherches de sens, aussi, qui s’échappe ainsi. «
Jean-Paul Sorg, spécialiste de la pensée d’Albert Schweitzer
« Il nous reste, certes, le legs de son travail – de philosophe, de chroniqueur, d’écrivain, le traducteur et interprète de la pensée d’Albert Schweitzer, et je veux évoquer ici le magistral « avant-propos » sur le respect de la vie dans sa publication de textes du Docteur, traduits par lui « Respect et responsabilité pour la vie »
Jean-Paul y rappelle à la fois le propos « presque désabusé » d’Albert Schweitzer sur l’avenir de l’humanité et de la terre, et ses paroles d’espoir et d’encouragement :
D’une part, la parole assez sombre, recueillie et mise en exergue à son livre Silent Spring, publié en 1962 par Rachel Carson : « L’homme a perdu l’aptitude à prévoir et à prévenir. Il finira par détruire la terre»;
et, d’autre part, le positionnement plus lumineux de Schweitzer que l’on trouve dans les dernières lettres à ses amis, repris ainsi par Jean-Paul Sorg : « l’éthique du respect de la vie commence à pénétrer les consciences et à être enseignée dans les écoles à travers le monde».
Et Jean-Paul Sorg de s’interroger sur « les signes et phénomènes contraires qui nous éblouissent » : « C’est ici qu’il nous faut retremper notre foi. La foi dans la raison et le coeur des humains que nous sommes ».
Nous continuerons à porter ta voix, Jean-Paul, comme celle d’Albert Schweitzer, bien sûr, et comme celle du maître Jésus de Nazareth. »
Ernest Winstein – 11 octobre 2025
président de l’Union Protestante Libérale, ancien pasteur de Saint-Guillaume, ancien membre du comité-directeur de l’Association des Amis d’Albert Schweitzer.