La France est restée en 2024 le pays qui attire le plus de projets d’investissements en Europe. Le Grand Est se place en tête des régions. Grâce à sa taille ou grâce à l’attractivité de l’Alsace?
Malgré la crise économique qui a provoqué une baisse de 5% du nombre d’entreprises étrangères implantées en France, notre pays reste en 2024, pour la 5ème année consécutive, celui qui attire le plus de projets d’investissements en Europe : 1191 implantations étrangères ont été recensées selon le dernier baromètre annuel d’Ernst et Young de l’attractivité de la France. Cinq régions françaises (Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, Hauts-de-France et Occitanie) figurent parmi les quinze régions les plus attractives en Europe en nombre de projets d’investissements étrangers.
Dans un contexte national de réduction du nombre d’implantations étrangères, le Grand Est s’est placé en tête, avec le plus fort taux de croissance et en gagnant près de 25% d’implantations étrangères supplémentaires par rapport à 2022. Comment le Grand Est a pu obtenir ce résultat ? L’attractivité de l’Alsace n’est pas pour peu dans la performance du Grand Est: 4 milliards d’investissements en 2024 en Grand Est, dont 2 pour la seule Alsace.
L’attractivité de l’Alsace, moteur des implantations d’entreprises étrangères
Selon les derniers chiffres sur les investissements étrangers fournis par un Focus de l’Agence de Développement de l’Alsace (ADIRA), l’Alsace confirme son rôle moteur en matière d’attractivité entreprises étrangères : elle a su attirer 87 projets qui vont générer plus de 3 000 emplois dans les trois prochaines années. Sur ces projets d’entreprises à capitaux étrangers, la grande majorité est constituée de 59 extensions de sites existants sur le plan national (notamment Hager et Mars en Alsace – ndlr) et de 28 nouvelles implantations (dont un data center de Microsoft en Alsace, un projet de 2 milliards d’euros à lui seul ! – ndlr).
Ainsi, plus de la moitié des entreprises étrangères implantées dans le Grand Est, la nouvelle région administrative qui regroupe la Champagne-Ardenne, la Lorraine et l’Alsace, sont situés en Alsace et près d’un tiers d’entre eux dans un département, celui du Bas-Rhin ! Le top 3 des pays les plus actifs en matière d’investissements étrangers en Alsace, qui bénéficie de l’effet territoire frontalier, est l’Allemagne avec 25 investissements puis la Suisse avec une dizaine de projets, puis viennent les groupes américains avec 14 projets.
L’effet taille du Grand Est, explication des bons résultats ?

Dans l’article des Echos du 16 janvier 2025 intitulé « Ce que l’émergence des grandes régions a changé », Franck Leroy, président de la région Grand Est, indique que la performance économique à l’international s’explique par « l’effet taille » de cette région de plus de 5,6 millions d’habitants et qui est née de la loi NOTRe du 7 août 2015.
Cette analyse est réductrice, car le résultat du Grand Est est essentiellement dû au positionnement de l’Alsace à l’international depuis plusieurs décennies. L’Alsace a toujours bénéficié d’une excellente image et d’un dynamisme économique dans la compétition internationale. Et on peine à voir
En effet, avec plus de 2 150 entreprises étrangères, l’attractivité de l’Alsace a pour caractéristiques une région ouverte sur l’étranger, un fort taux d’exportation des entreprises alsaciennes (30% des exportations avec la seule l’Allemagne) et un nombre élevé de frontaliers vers l’Allemagne et la Suisse qui font de l’Alsace l’une des plus fortes dépendances au niveau national aux entreprises étrangères.
Pour consolider et conforter l’attractivité de l’Alsace et son ouverture internationale, et rester « l’eldorado » des investisseurs étrangers, les politiques alsaciens se doivent de tout mettre en œuvre pour sortir l’Alsace du Grand Est, cette région sans âme, ce mariage sans amour décidé par François Hollande, qui dilue ses atouts économiques et ses spécificités et qui entraine la perte de centres de décision.

Pour (re)valoriser sa forte identité régionale, l’Alsace doit redevenir une Région à part entière, scénario qui pourrait se réaliser par la recréation d’une Région Alsace avec des compétences élargies de la CeA et de la Région.
Jean Lachmann – 27 janvier 2025 – photos: DR Alsace.news
Jean Lachmann est administrateur territorial hors classe aujourd’hui à la retraite, ancien DGA de la Région Alsace puis de la Région Bourgogne, professeur des universités et ancien directeur de l’IAE de Nancy et ancien magistrat financier de la Cour de Comptes.