Exposition et conférences aux Archives d’Alsace documentent cet épisode oublié, même des populations de la Ruhr. L’occupation de la Ruhr (Ruhrbesetzung 1923) a joué un rôle important dans l’histoire de la république de Weimar et contribué à l’ascension des Nazis. En 1923, l’Allemagne est en retard sur les réparations qu’elle doit à la France après le Traité de Versailles. Les Français décident de se servir eux-mêmes et envoient depuis l’Alsace le 11 janvier 2023 leurs troupes occuper la Ruhr, territoire de seulement 3 000km2 mais riche en mines de charbon et usines sidérurgiques. Incapable de résister militairement, la République de Weimar dénonce l’illégalité de cette occupation et organise la résistance passive sur place. Excédées et se sentant menacées, les troupes françaises répliquent parfois brutalement, tirant même sur des ouvriers dans une usine.
En août 2024, le plan Dawes conclu sous la houlette des Anglo-Saxons allège les réparations et permet à l’Allemagne d’emprunter à nouveau sur les marchés financiers. Trop tard, le mal est fait : l’hyperinflation a ravagé l’Allemagne, et l’utilisation de troupes coloniales par les Français sert la propagande raciste des Nazis. Les Français se retirent finalement en 1925.
L’exposition « Ruhrbesetzung 1923 » aux Archives d’Alsace à Strasbourg
Cette exposition « Ruhrbesetzung 1923 », du 19 janvier au 8 mars 2024, synthétise, explique l’historien Benjamin Volff, deux expositions réalisées pour le centenaire de l’évènement au Ruhr Museum d’Essen et à l’Institut historique de Recklinghausen (ville minière de la Ruhr). Un devoir de mémoire selon le directeur de l’Institut Dr. Matthias Kordes face à la méconnaissance actuelle du sujet même dans la Ruhr.
Volonté de rétribution, mais aussi surprise de la découverte en pays étranger côté français, hostilité ou résignation et accommodements côté allemand : l’ambigüité des rapports entre Français et Allemands à l’époque ressort bien des documents et photos exposés dans « Ruhrbesetzung 1923 ». Y compris la méfiance des Allemands vis-à-vis des soldats alsaciens soupçonnés de jouer un double jeu.
Un cycle de conférences du 23 janvier au 23 février 2024 permet d’approfondir le sujet, avec en particulier une conférence « Du malaise alsacien à l’autonomisme. Les difficultés du retour à la France (1918-1928) » de Jean-Noël Grandhomme, professeur à l’université de Lorraine le 13 février 2024 à 18h
Vaut le détour, comme on dit, mais planifiez votre visite : les Archives d’Alsace ne sont ouvertes qu’en semaine jusqu’à 17h (sauf conférences à 18h).